mardi 23 mars 2010

Editorial

Nous devons défendre notre Plaine

Nous devons défendre notre Plaine. Je dis "notre" parce que la Plaine est le bien commun des habitants de la vallée.
Nul, qu'il soit d'Annecy, de Passy, de Domancy ou d'ailleurs n'a le droit de la détruire. Pourquoi ? Parce que lorsqu'on parle de "poumon vert" à propos de la Plaine, la métaphore est parfaitement justifiée. Et je dirais même qu'elle ne l'a jamais été autant, et je pense que malheureusement elle le sera de plus en plus.

Notre secteur est envahi par l'urbanisation, que ce soit par les maisons individuelles, l'habitat collectif, les centres commerciaux, les équipements touristiques et autres. Cette urbanisation galopante, accompagnée d'une infrastructure routière de plus en plus importante, crée des nuisances de plus en plus visibles : pollution atmosphérique, pollution visuelle et sonore, bouchons routiers etc...Alors qu'il n'y a pas si longtemps on roulait sans problème, aujourd'hui on rencontre des bouchons ou des forts ralentissements un peu partout, au Fayet, à Marlioz, à Sallanches, sans parler de Combloux, Megève ou St Gervais. Dans le même temps rien n'est fait pour le rail, au contraire on affaiblit sans cesse la SNCF.
De nombreux habitants posent la question : où va t-on comme ça ?
Au lieu de prendre la problème à bras le corps et de chercher les voies d'un développement humain, nos élus s'inscrivent dans une course en avant suicidaire.
Oui, la Plaine est indispensable pour une qualité de vie normale dans notre secteur. Il faut être aveugle ou un vautour de la finance et du profit pour ne pas voir la nécessité de maintenir en l'état cet espace.
La Plaine c'est le dernier espace plat et naturel de la vallée, c'est un lieu apprécié de promenades, de ballades en vélo, de baignade dans un cadre préservé, de jogging, certains y font du modélisme, on peut pic niquer et tout simplement se détendre. Autant de choses simples mais dont l'être humain a vraiment besoin.
La Plaine c'est aussi l'un des derniers espaces agricoles, avec la présence également indispensable des agriculteurs et de leur savoir-faire, tant dans la production de produits de proximité que dans l'entretien des lieux.
La population est très attachée à cet espace, elle en ressent le besoin et elle est bien consciente que sa disparition serait un recul de vie, malheureusement irréversible.

Or avec les J.O en 2018, une nouvelle et décisive attaque se profile. La menace est grave. De 25 à 30 hectares construits, sans compter les accès et transports qui sont souvent encore plus destructeurs.
Il est évident que ce sera le début de la fin. La voie sera ouverte à d'autres constructions qui finiront par accaparer tout l'espace.
C'est ce qui s'est passé pour la plaine de Cluses. Regardez aujourd'hui, elle est totalement urbanisée dans une succession de zones posées les unes à côté des autres sans cohérence urbanistique et sociale pour former un corps sans âme, sans caractère.

Bien sûr la question de la Plaine n'est pas la seule soulevée par les J.O, mais pour notre secteur elle conditionne tout.
La tenue des J.O pose d'autres problèmes fondamentaux : les coûts, les financements, les transports, le devenir des équipements. Je ne peux développer ici. Je voudrais simplement citer une courte information parue dans un journal de la Savoie, les Allobroges, intitulé "Que faire de la halle olympique ?" paru il y a un mois environ :
"La halle olympique coûte de plus en plus cher à la Communauté de Commune de la Région d'Albertville (la CORAL) qui en a la gestion. De plus, elle vieillit mal, la patinoire n'est plus aux normes, la structure prend l'eau et il semble que sa conception, comme celle de l'hôpital olympique, laissait beaucoup à désirer. Alors que faire ? Les élus de CORAL en ont débattu.
L'architecte chargé de présenter l'étude commandée soumet 6 options allant de 5 millions à 16 millions d'euros. L'énormité de l'investissement effraya les élus. Certains évoquent même la démolition pure et simple de la halle".
Voilà une situation qui en dit long et doit vraiment faire réfléchir.

A ce jour la Plaine a pu être soustraite aux appétits des marchands d'illusions. Il faut se battre pour qu'il en soit encore ainsi demain.
Seule l'action unie, déterminée des populations peut faire échec au saccage de la Plaine.
Il faut mettre nos élus locaux, départementaux, régionaux en face de leurs responsabilités et qu'ils ne cachent rien. C'est le sens de la création du Comité d'Action qui permet ce rassemblement et l'organisation de la lutte. Le Comité d'Action n'est pas un regroupement d'associations, d'organisations, de partis mais le rassemblement individuel de citoyens qui veulent préserver un bien commun : la Plaine. Mais nous ne seront efficaces que si nous sommes nombreux et si nous faisons preuve de sérieux, d'imagination, de constance dans notre engagement.
A nous de ne pas laisser faire les "faiseurs de miracles, les marchands d'illusions", qui ne rêvent que béton, asphalte,remontées mécaniques et surtout profits et qui se moquent du devenir de la collectivité humaine.

Pour finir et pour paraphraser un grand poète et chanteur qui vient de mourir, je dirai que je ne voudrais pas que demain nous chantions :
"Comment peut-on s'imaginer en voyant ce vol de vautours que la montagne est belle."

Laurent NARDI

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