mercredi 19 mai 2010

DISCOURS DU 8 MAI AU LAC DE PASSY

PRISE DE PAROLE DE LAURENT NARDI POUR LE COMITE D'ACTION
LORS DE LA MANIFESTATION DU 8 MAI DANS LA PLAINE
Mesdames et messieurs, chers amis,
Nous devons défendre notre Plaine. Je dis
notre parce que la Plaine est le bien
commun des habitants de la vallée.
Nul, qu’il soit d’Annecy, de Passy, de
Domancy ou d’ailleurs n’a le droit de la
détruire. Pourquoi ? Parce que lorsqu’on
parle de « poumon vert » à propos de la
Plaine, la métaphore n'a jamais été aussi
justifiée.
Notre secteur est envahi par
l’urbanisation, que ce soit par les maisons
individuelles, l’habitat collectif, les
centres commerciaux, les équipements
touristiques et autres. Cette urbanisation
galopante, accompagnée d’une
infrastructure routière de plus en plus
importante, crée des nuisances de plus en
plus visibles : pollution atmosphérique,
pollution visuelle et sonore, bouchons
routiers etc… Alors qu’il n’y a pas si
longtemps on roulait sans problème,
aujourd’hui on rencontre des bouchons ou
des forts ralentissements un peu partout,
au Fayet, à Marlioz, à Sallanches, sans
parler de Combloux, Megève ou St
Gervais. Dans le même temps rien n’est
fait pour le rail, au contraire on affaiblit
sans cesse la SNCF.
De nombreux habitants posent la question
: où va t’on comme ça ?
Oui, la Plaine est indispensable pour une
qualité de vie normale dans notre secteur.
Il faut être aveugle ou un vautour de la
finance et du profit pour ne pas voir la
nécessité de maintenir en l’état cet espace.
La plaine c’est le dernier espace plat et
naturel de la vallée, librement accessible,
c’est un lieu apprécié de promenades, de
ballades en vélo, de baignade dans un
cadre préservé, de jogging, on peut piqueniquer
et tout simplement se détendre.
Autant de choses simples mais dont l’être
humain à vraiment besoin.
La Plaine c’est aussi l’un des derniers
espaces agricoles, avec la présence
également indispensable des agriculteurs
et de leur savoir faire.
La population est très attachée à cet
espace, elle en ressent le besoin et elle est
bien consciente que sa disparition serait
un recul de vie, malheureusement
irréversible.
Avec les J.O il est évident que ce sera le
début de la fin. La voie sera ouverte à
d’autres constructions qui finiront par
accaparer tout l’espace.
C’est ce qui s’est passé pour la plaine de
Cluses. Regardez aujourd’hui, cette plaine
est totalement urbanisée, dans une
succession de zones posées les unes à côté
des autres, sans cohérence urbanistique et
sociale pour former un corps sans âme,
sans caractère.
La tenue des J.O pose d’autres problèmes
fondamentaux : les coûts, les
financements, les transports, le devenir
des équipements. D'autres intervenants
ont abordé avec justesse ces aspects. Je
voudrai simplement citer une courte
information parue dans un journal de la
Savoie, Les Allobroges, intitulé « Que
faire de la halle olympique ? » paru il y a
deux mois environ :
« La halle olympique coûte de plus en
plus cher à la Communauté de Commune
de la Région d’Albertville ( la CORAL )
qui en a la gestion. De plus, elle vieillit
mal, la patinoire n’est plus aux normes,
la structure prend l’eau et il semble que
sa conception, comme celle de l’hôpital
olympique, laissait beaucoup à désirer.
Alors que faire ? Les élus de CORAL en
ont débattu.
L’architecte chargé de présenter l’étude
commandée soumet 6 options allant de 5
millions à 16 millions d’euros.
L’énormité de l’investissement effraya les
élus. Certains évoquent même la
démolition pure et simple de la halle. »
Voilà une situation qui en dit long et doit
vraiment faire réfléchir.
La question de la Plaine n’est donc pas la
seule soulevée par les J.O, mais pour
notre secteur elle conditionne tout .
Au lieu de prendre le problème à bras le
corps et de chercher les voies d’un
développement humain, nos élus
s’inscrivent dans une course en avant
suicidaire.
Il faut mettre nos élus locaux,
départementaux, régionaux, en face de
leurs responsabilités. Il est encore temps
pour eux de dire non.
Seule l’action déterminée des populations
peut faire échec au saccage de la Plaine.
Dans cette lutte, il faut se rassembler,
dans le pluralisme, au-delà des
divergences politiques. C’est le sens de la
création du Comité d’Action qui permet
ce rassemblement et l’organisation de la
lutte. Le Comité d’action n’est pas un
regroupement d’associations ou de partis
mais le rassemblement individuel de
citoyens qui veulent préserver un bien
commun : la Plaine.
Et déjà l'action du Comité porte ses fruits.
En à peine un mois ce sont plus de 1500
habitants du Pays du Mont-Blanc qui ont
signé la pétition pour préserver la Plaine.
C'est un véritable mouvement de fond de
la population qui se produit et qui dément
les mensonges des médias qui osent faire
croire que les gens soutiennent
l'organisation des J.O.
Et d'autres actions plus fortes et
spectaculaires seront organisées.
Je veux aussi m'adresser ici, aux ouvriers,
aux chômeurs, aux salariés, par exemple
de l'usine de Chedde, des établissements
de soins du Plateau d'Assy et tous les
autres. Je veux leur dire : n'écoutez pas
ceux qui vous font croire à des jours
meilleurs grâce aux J.O, ceux qui vous
mentent depuis des décennies, qui ne
recherchent que le profit et qui se
moquent du devenir de la collectivité
humaine. Avec les JO se seront encore les
mêmes qui s'en mettront plein les poches
et les mêmes qui subiront les impôts
locaux, la vie chère, les licenciements et
la détérioration du cadre de vie qui est
notre quotidien.
Pour finir, pour paraphraser le grand
poète et chanteur Jean Ferrat je dirai que
je ne voudrai pas que demain nous
chantions :
« Comment peut-on s’imaginer en
voyant ce vol de vautours que la
montagne était belle

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